lundi 22 mars 2010

Retouche photo : Et si c’était ça la vérité !

Faut-il retoucher les petites imperfections de la vie, ou gommer complètement l’identité d’une personne ? Aujourd’hui certaines voix s’élèvent contre le recours systématique à la retouche d’images, même les politiques veulent rentrer dans l’arène du photographiquement correct en proposant une loi pour légiférer sur la question…
Retouche et Manipulation sont des mots très proches, si le premier permet de créer des images virtuelles depuis la retouche informatique, le second existe depuis bien plus longtemps en visant à modifier la réalité : trucages, améliorations, photomontage, surimpression, gommage du négatif.

Ces techniques de retouches d’intervention sur l’image sont au service de la photographie depuis belle lurette. Ironie de l’histoire, les premiers trucages ont servis la propagande des gouvernements à des fins politiques (la boucle est bouclée !)

La photo commerciale jusque dans les années 70 utilisait la retouche d’une manière automatique et artisanale : de la photo d’identité, jusqu’au portrait cinématographique d’après guerre, type Harcourt : les pinceaux, crayons, et autres grattoirs ont façonnés le relief du regard et la peau de nos ancêtres.
Le photojournalisme n’échappe pas à la règle, après les peintres, les plus grands reporters de l’histoire de LIFE ou de MAGNUM n’échappent pas à cette vision d’auteur, à cette interprétation d’artistes…
Ne dis- t-on pas qu’Eugene Smith pouvait s’enfermer quatre jours d’affilé sans dormir, dans son laboratoire, pour « travailler » un seul et unique tirage, pour en renforcer l’impact, pourtant depuis ses origines, la photographie à valeur de preuve, d’attestation ? C’est un témoignage (en principe) objectif pour la science, la justice, l’armée, l’astronomie, la presse…
Certains studios de retouches spécialisés ou certains photographes utilisent Photoshop comme une marque ou une identité très personnelle, reconnaissable instantanément : le photographe polonais Andrzej Dragan, (J’en avais parlé ici le 5/02/2007) s’est crée un style, un univers à lui, loin des clichés de beauté des magazines.

La manipulation existe aussi à travers d’autres procédés pour falsifier la réalité.
Le maquillage qui se traduit par «truccare » en italien donne une petite information sur la transformation de la réalité.

Tiens ! Ce serait intéressant de proposer à la télévision de faire 24 h de séries, de journaux, de débats …sans maquillage. La chaîne qui serait la première à proposer cette performance récolterait une audience incroyable en créant le buzz de l’année !
Ne rêvons pas : car les stars du 20h et les autres, en mode décongélation seraient peu nombreux ce jour là, à part quelques redif du monde du silence du commandant Cousteau, qui oserait défier sans paillettes la lumière chirurgicale de nos écrans HD ???

Dans une société où l’apparence, la communication engendrent des dérives, préservons le peu de liberté qu’il nous reste encore…